La viticulture sera particulièrement dynamique à Cuges, notamment au 20ème siècle. Elle suivra une courbe ascendante jusque dans les années soixante, où trois-cent-soixante-sept coopérateurs exploiteront, ensemble, la production de trois-cent soixante-deux hectares. Une production qui atteindra des records : près de trois milles tonnes de raisin récoltées en 1962. C'est un temps où la coopérative de Cuges est considérée comme une coopérative pilote. Commence toutefois à planer la menace de ce que l’on appelle alors le «marché commun».
 
Pourtant, en 1966, le bâtiment est agrandi une nouvelle fois : il abrite bientôt 113 cuves, pouvant contenir jusqu’à 40 000 hectolitres de vin… La coopérative vinicole de Cuges, avec celle de Trets, est alors la plus grande du département.
 
La décennie 75/85 marque le début du déclin. Quelques viticulteurs quittent la coopérative et fondent leur propre cave. Bien sûr, les coopérateurs s’entêtent : en 1986, quand ailleurs d’autres coopératives se contentent de ne produire que du « vin de table », la Coopé se voit décerné le label « vin de pays », label qu’elle peut utiliser pour une partie de la production, celle issue de cépages non hybrides. Les cavistes s’efforcent d’améliorer la qualité du vin produit, de développer les réseaux de distribution, de s’adapter au goût et à la demande des consommateurs, de moderniser l’image de marque. Sauf que les équipements demandent à être remplacés, et que les cépages n’ont pas été renouvelés. Et puis les jeunes sont partis travailler à la ville. Et comment entretenir ce bâtiment, immense avec ses 3000 m² ? Les moyens et les bonnes volontés ne suffisent plus. D’autant que les réalités de la politique agricole européenne ne favorisent guère la relève : dans tout le département, les unes après les autres, les coopératives vinicoles ferment.
 
A Cuges, la Coopé s’accroche encore… Plus pour très longtemps. En 1993, on parle de fusion avec la coopérative de Gémenos. Lors d’une assemblée générale extraordinaire, quelques voix font pencher la balance… Fusion, il y aura donc. Mais la fusion à deux se transformera rapidement en fusion à trois : Auriol absorbera Gémenos et Cuges. Dans la corbeille du mariage, c’est Cuges qui apportera le plus grand terroir AOC. Le 7 octobre 1995, au lendemain des vendanges, la Coopé ferme définitivement ses portes, laissant derrière elles le souvenir de tous ceux, grands et petits, qui, pendant soixante-dix ans, l’avaient fait vivre, et avaient vécu avec elle.
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La dernière décennie du 20ème siècle ou la fin d'une époque
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15 août 44. Jour J de l’opération « Anvil-Dragoon », premières heures du débarquement de Provence, un débarquement qui va durer plusieurs jours. Dès le 18, le général de Lattre de Tassigny attaque Toulon, où les opérations militaires évoluent rapidement. De Lattre décide de profiter de cet avantage et, sans attendre, lance ses troupes sur Marseille. Il s’agit autant de libérer la cité phocéenne que d’empêcher la marche de renforts allemands sur Toulon. Manœuvres d’encerclement et, en parallèle, entrée directe sur le centre de la ville, telle est la stratégie adoptée. Mais il va falloir aussi faire sauter le verrou d’Aubagne...
 
Le 19 août, à Cuges, on sait que l’heure de la Libération est proche. Les autorités ont conseillé aux habitants de se mettre à l’abri... Au soir du 19 août, résonne au village le bruit d’un combat qui approche : un régiment de reconnaissance, les Spahis Algériens du colonel Bonjour, vient de s’emparer du carrefour du Camp. Il va bientôt se diriger vers le Beausset.
 
Le 20 août 44 au petit matin, une autre unité de reconnaissance progresse vers le Camp. Il s’agit cette fois-ci d’un peloton du 2ème régiment de Spahis Algériens du colonel Lecoq, dirigé par le capitaine Baudouin. Au Camp, les camions allemands sont en flammes, les munitions explosent. Le bruit des détonations parvient jusqu’à Cuges où de nombreux habitants se réfugient dans les caves, tandis que d’autres ferment leurs volets.
 
Pendant ce temps-là, virage après virage, le peloton de reconnaissance des Spahis du capitaine Baudouin avance par bonds successifs vers le village. L’automitrailleuse de tête du maréchal des logis Montés arrive en vue des premières maisons. L’aspirant Heissat récupère les voltigeurs du char-obusier et leur demande d’avancer de part et d’autre de la route. « Reims » (la jeep de l’aspirant Heissat), la Revenante, la Resplendissante et la Résistante (les trois automitrailleuses du peloton) arrivent aux abords du village. Quelques échanges de tirs ont lieu, mais l’affrontement ne dure pas.
 
Les Allemands qui avaient investi la maison du maire, située juste à l’entrée de Cuges, tentent de s’enfuir par la colline. Entretemps, les voltigeurs qui ont contourné le village en passant par la plaine sont arrivés en haut de la rue Victor Hugo. Nouveaux coups de feu. Sur la place, un soldat allemand est blessé. Les automitrailleuses entrent dans le village... Cuges est libéré.
 
Mais tandis que les uns sortent de leurs abris, tandis que d’autres informent et dirigent les Spahis, un « homme en short, disparu rapidement » tire à bout portant sur le maire et le tue, volant la vie d’un homme et du même coup la sérénité d’une communauté qui ne tarde pas à se laisser aller à la peur.
 
Le peloton du capitaine Baudouin se dirige à présent vers Gémenos. Guidé par les villageois, il s’apprête à attaquer le blockhaus qui contrôle les virages de la nationale 8, après le col de l’Ange. Il lui faut cependant rebrousser chemin, car il reçoit l’ordre de se rendre à Bandol pour couper la route de la côte entre Toulon et Marseille. Il doit être relevé par l’escadron du capitaine André du 3ème régiment des Chasseurs d’Afrique (3ème RCA). En retournant vers le Camp, le peloton Baudouin croise les colonnes des Tabors marocains qui ont quant à elles reçu ordre de marcher sur Marseille. Dans le même temps, le 2ème régiment de cuirassiers du lieutenant-colonel Durosoy fait mouvement sur Signes et sur le Camp. Le 21 août, après avoir traversé Cuges, il est aux portes d’Aubagne, prêt à livrer un combat dont il ne soupçonne pas encore la violence : le nombre de soldats tués au cours de la bataille d’Aubagne sera si important que les cimetières de la ville ne suffiront pas. Pour enterrer tous ces morts, les autorités devront faire appel aux communes avoisinantes, y compris à Cuges.
Le 20 août 44
Les victimes du charnier de Signes
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Dans un vallon reculé, encaissé entre les terres de Signes et les terres de Cuges, vingt-neuf responsables de la résistance provençale, sont abattus par les SS, après avoir été « interrogés » au 425 de la rue de Paradis, siège marseillais de la Gestapo. C’est là qu’ils ont été sauvagement torturés, non pas par des Allemands, mais par des Français, dont certains appartenaient au clan Sabiani. Un bûcheron de Cuges travaillait non loin de là. C’est grâce à lui que le 18 septembre 1944 les corps des victimes seront retrouvés. Entre temps, le 12 août, neuf autres résistants auront été fusillés dans ce même vallon, dénommé depuis « vallon des Martyrs ».
 
Des funérailles nationales furent célébrées à Marseille, au cimetière Saint-Pierre, sous la présidence de Raymond Aubrac, commissaire régional de la République. Ces trente-huit résistants appartenaient à la « R2 », autrement dit à la région PACA. On sait aujourd’hui qu’ils ont été vendus à la Gestapo par un officier français. Ceci n’est pas une métaphore : cet officier avait promis de donner tous les membres de la résistance provençale contre 3 millions de francs. Il fut lui-même exécuté par le chef de la Gestapo marseillaise.
 
Aujourd’hui, le Charnier de Signes est devenu nécropole nationale. Chaque année, le 18 juillet, une cérémonie est célébrée dans le vallon des Martyrs, en mémoire des 38 victimes du charnier de Signes, et, à travers eux, en mémoire des millions de victimes du régime nazi.
Le 18 juillet 44
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Les câpres de Cuges ont subi de plein fouet la concurrence des câpres produites en Espagne, en Italie ou en Afrique du Nord. La viticulture et l’essor du mouvement coopératif sont là pour redonner espoir et confiance en l’avenir : le 30 novembre 1924, nait la « Société Coopérative de Cuges-les-Pins ». En 1925, la construction de la cave vinicole est terminée. Les coopérateurs sont soixante-et-un. Le président fondateur s’appelle Joachim Monin. Le premier président s’appelle Lucius Cal.
 

Les débouchés sont là, on plante de nouveaux pieds de vigne, la production s’accroit. La Coopé est agrandie une première fois. En 1947, Stanislas Fabre qui a remplacé Lucius Cal, réussi à faire classer le vin de Cuges parmi les V.D.Q.S. (vin délimité de qualité supérieure), avancée réelle pour le « petit vin de Cuges ». C’est également à partir de cette époque que la viticulture à Cuges commence à être rentable.
 
Cependant, l’exploitation de la forêt, traditionnelle à Cuges, demeure active, en grande partie grâce aux familles venues d’Italie au début du siècle, principalement de Roccaforte et de Lurisia : bûcherons, chaufourniers, pégouliers, charbonniers, rusquiers, autant de métiers qui donnent vie à la colline. Plus tard, quelques familles espagnoles, fuyant le régime de Franco, viendront également s’installer à Cuges où elles trouveront avec la forêt le moyen de vivre et d’élever leurs enfants.
 
Ainsi, aux côtés de la vigne, la forêt et ses multiples débouchés jouent un rôle économique indéniable : les billots partent aux scieries, alors nombreuses autour d’Aubagne ; les branches, rassemblées en fagots ou « fascines », sont livrées aux boulangers de Marseille ; le petit bois, utilisé pour la consommation familiale ou locale, alimente fours à cade et fours à chaux. Sans parler de la résine, extraite des pins, envoyée aux distilleries pour la production de térébenthine ou de goudron. Sans parler de l’écorce des pins (la rusque), dont on extrait le tan. Sans parler non plus de la fabrication du charbon de bois... Bref, toute une production qui fait également travailler les charretiers, transporteurs du moment.
1925 et la naissance de la Coopé
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La Guerre de 14-18
2 août 1914. La mobilisation générale est ordonnée. Les hommes du village quittent famille et travail pour rejoindre les régiments du 15e Corps. Ils ont entre 20 et 45 ans. Les moissons s’achèvent. Ils espèrent bien être de retour pour les vendanges. Mais dès le 14 août, ils sont jetés dans la fournaise de l’offensive de Lorraine décidée par Joffre : au centre de l’attaque, le 15e corps, avec en première ligne, la 29e division, celle des Cugens. Dès le début, c’est un massacre. Les « pantalons rouges », écrasés par l’artillerie lourde allemande, subissent jusqu’à 80 % de pertes. Et le 20 août, les Allemands contre-attaquent.
 
Au Q.G. de Joffre, les nouvelles sont mauvaises. Partout, les armées françaises sont enfoncées, la stratégie de Joffre a dramatiquement échoué. Pour ce dernier, il faut désormais trouver les responsables : à l’origine de cet échec cuisant, il y a ce 15e corps qui « n’a pas tenu sous le feu ». Une terrible accusation que reprend le journal « Le Matin ». Le quotidien dénonce à son tour la division du 15e corps qui, « composée des contingents d’Antibes, de Toulon, de Marseille et d’Aix, a lâché pied devant l’ennemi ». Le scandale est grand, malgré protestations et nombreux témoignages qui attestent du courage des soldats du 15e corps et de la 29e division. Ces mêmes soldats provençaux, accusés de lâcheté, ce sont pourtant eux qui, arrêtant l’offensive allemande lors de la bataille de la Marne, sauveront Nancy, puis Bar-le-Duc. C’est au cours de ces combats que sont tombés les premiers Cugens.
 
En septembre 1915, Cuges compte 20 morts ou disparus... Et au village, c’est la lancinante attente des nouvelles, à laquelle s’ajoutent, de plus en plus prégnantes, les difficultés de la vie quotidienne. Pour les vendanges, on a réussi à se débrouiller. Pour les semailles aussi. Et pour aider les combattants ou les familles privées de soutien, on s’est organisé comme on a pu. Les habitants, « bons soldats de l’arrière », ont également répondu en masse à l’appel du Président de l’Or et des Bons de la Défense Nationale. Cuges est même montré en exemple : quand Gémenos donne 29 000 francs-or, quand Aubagne donne 39 000 francs-or, « une petite commune rurale comme Cuges donne 32 000 francs-or… ».
 
Les Poilus de Cuges participeront à toutes les batailles qui ensanglanteront le front : Marne, Argonne, Champagne, Artois, Verdun, dans la Somme, au Chemin des Dames, dans les Dardanelles et même au Maroc… Cinquante d’entre eux y perdront la vie, sur le champ de bataille ou dans les hôpitaux.
 

A Cuges comme dans toute la France, le bilan de la guerre 14-18 sera lourd : la population passera de 894 habitants en 1911 à 741 en 1921. Au sortir de la guerre, ce sont 13 veuves et 18 orphelins qu’il faudra aider, comme il faudra aider invalides et malades ne pouvant plus travailler, ou anciens ayant perdu leur soutien de famille. Au sortir de la guerre, il faut remettre en état cultures, chemins, installations publiques… La vie au village est devenue difficile. Le coût de la vie a beaucoup augmenté. Les revenus s’amenuisent : le kilo de câpres qui se vendait avant guerre 3 à 4 francs, ne se vend plus que 20 sous... Il faudra bientôt trouver de nouveaux débouchés.
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Le dix-neuvième siècle
La colonisation de l’Algérie dynamise grandement les activités de la Basse-Provence. Cet essor économique entraîne l’accroissement du trafic routier. La principale richesse économique de Cuges réside dès lors dans ce passage, car, pour qui se rend de Marseille à Toulon ou à Nice (et réciproquement !) Cuges demeure un lieu de passage incontournable. Jean-Etienne-Marie Portalis, Arthur Schopenhauer, Victor Hugo, et probablement Alexandre Dumas passeront ou feront étape à Cuges.
 
La route impériale 8, bientôt nationale 8, adopte peu à peu son tracé moderne : « la rampe du Col de l’Ange » est rectifiée. Dans la traversée du village, certaines maisons sont tronquées, car il faut sécuriser le croisement des véhicules et élargir la chaussée.
 
Mais arrive 1858. La mise en service d’une ligne de chemin de fer entre Marseille et Toulon, laisse Cuges à l’écart du trafic des voyageurs et des marchandises. C’en est fini des auberges et des petits métiers prospères... Le village saura tant bien que mal s’adapter : la culture des câpriers, jusqu’alors pratiquée de manière familiale, se développe. Cuges ne tarde pas à acquérir une renommée internationale grâce à l’exportation de ses câpres.
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Le dix-neuvième siècle
 
La Guerre de 14-18
 
1925 et la naissance de la Coopé
 
Le 18 juillet 44
 
Le 20 août 44
 
Dernière décennie du 20ème siècle
 
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Cuges au 19ème et au 20ème siècle
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