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L'Opération sauvetage...
C’est ainsi que quelques vieilles pierres oubliées aux abords d’un vallon posent parfois plus de questions qu’elles n’apportent de réponses…
© M.A.C.2014
La photo ci-dessus est attribuée à Eugène Duce (1867-1929). Elle illustre le mauvais état de la chapelle au début du 20ème siècle, et confirme que le bloc situé en contrebas est bien la base d’un oratoire. Il s’agit d’un bloc carré, bâti en pierres maçonnées, devant lequel il a été aménagé une large pierre plate, ayant pu servir d’agenouilloir. Serions-nous mieux documentés quant à cet oratoire ?
 
Il semblerait qu’il ait été initialement dédié à Saint-Antoine : le 29 juillet 1685, le Conseil communal  décide la construction d'un « auratoire à quatre fenêtres au gour du Panet ». (5) Il s’agit alors de placer sous la protection de Saint-Antoine le chenal et la galerie d’eau achevés en avril 1684, conduisant l’eau depuis la source jusqu’à la fontaine, après moult déboires… On décide d’y installer une statuette du saint, récupérée sur un ancien oratoire qui existait sur la place du village, près d’une fontaine ou d’un abreuvoir, récemment remplacé par un nouvel oratoire neuf.
Selon Clément Bonifay, cet oratoire du Panet est celui « dont il subsiste les vestiges devant l’ancienne chapelle de Sainte-Magdeleine ». Il aurait été transformé ultérieurement, prenant dès lors le titre de la chapelle. (6) C’est là tout ce que nous avons trouvé au sujet de cet oratoire.
 
Cela étant, le choix de construire un oratoire en ce lieu, qu’il soit dédié à St-Antoine ou à Ste Madeleine, n’est pas anodin. Il s’agit bien de protéger la source, historiquement unique ressource en eau du village. C’est dans ce même périmètre que, à l’époque où le castrum était perché sur la colline Ste-Croix, les villageois avaient aménagé la « font-vieille », citée dans les textes anciens, sans que l’on puisse toutefois localiser son emplacement avec exactitude.
 
Le lien entre l’oratoire et la source semble donc avéré. Nous nous demandons s’il n’en est pas de même pour la chapelle… Ne pouvant l’affirmer, nous en resterons donc au stade d’une hypothèse qu’il reste à vérifier ou à écarter. Tout comme il restera à expliquer certains aménagements intérieurs, comme un trou circulaire dans le sol ou comme ce muret visible ci-dessous (vestige d’un autel ?).
Reste une autre hypothèse : il se peut malgré tout que l’on soit en présence d’une chapelle funéraire, ce qui semble resté dans la mémoire de quelques familles. Mais l’étroitesse de l’accès, et surtout la faible distance entre l’oratoire et l’entrée de la chapelle, ne facilitent guère le passage d’un cercueil... A moins bien entendu que les corps aient été ensevelis à côté de la chapelle, et non à l’intérieur. Cela reste toutefois peu compatible avec un environnement que le Dausserand, torrent aussi violent que capricieux, rend facilement inondable.
 
 
BMVR Alcazar, Fonds Patrimoniaux
Musée des Photographies
Documentaires de Provence : 2-29A1368
Le testament de Jean Ferrier
Ni les archives communales, ni celles de l’Évêché, ne nous ont permis de connaitre l’origine de cette chapelle, ni même la date de sa fondation.
 
Seule certitude en l’état actuel de nos recherches, c’est qu’elle existait déjà au 18ème siècle : en janvier 1760, une délibération du Conseil communal révèle que le torrent du Dausserand a débordé « jusqu’à l’origine de l’eau de la fontaine, par devant la chapelle de Sainte-Madeleine ». La commune décide alors de construire un mur pour empêcher le torrent de « submerger la susdite source ». (1) Rappelons ici que cette source est la seule qui alimente la fontaine du village – fontaine unique à cette époque – et qu'elle se trouve en effet à quelques mètres de la chapelle.
 
 
Si pour le moment nous ne connaissons pas l’origine exacte de cette chapelle, nous savons en revanche ce qu’elle n’est pas !...
 
Selon Clément Bonifay, Jean Ferrier, un « riche propriétaire de Riboux », aurait demandé dans son testament que l’on construise cette chapelle pour y être enterré, lui et ses descendants. La chapelle serait ainsi une chapelle mortuaire, construite au 17ème siècle. (3)
 
Or, pour avoir retrouvé le testament sur lequel l’auteur étaye ses dires, il y a de toute évidence une erreur : le « sieur Jehan Ferrier, de ce lieu de Cuges », bien loin de vouloir faire bâtir une chapelle dédiée à Sainte-Madeleine pour y être enseveli, demande, sans équivoque aucune, à être enterré au pied de l’église paroissiale, auprès de ses ancêtres… Quant à Magdeleine, la seule dont il parle, c’est sa mère, Magdeleine Guemarde, ou bien encore l’une de ses filles, mariée à Anthoine Fabre… (4)
Extraits de la feuille A3 du cadastre napoléonien (ci-dessus le détail)
 
En 1809, la chapelle figure au cadastre napoléonien et fait partie du patrimoine communal (compte de propriété n°174 – parcelle A 483). Elle est déjà en ruine, comme le montre le plan de la feuille A3. (2) Voilà qui peut éventuellement laisser supposer une certaine ancienneté. Cela étant, dans les décombres déblayés, nous avions trouvé des morceaux de bois brûlé, ce qui pourrait également laisser entendre que la toiture de la chapelle s’est effondrée suite à un incendie, ne laissant intacte que l’assise des murs.
 
 
(1) Archives communales, 113 E BB 12, f°122, 20 janvier 1760.
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(2) Archives départementales, 3 P 701 cadastre napoléonien (1809).
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(3) Clément Bonifay, Histoire de Cuges, page 207 (1948).
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(4) Archives notariales Elzéard Amalric, notaire, testament du 2 avril 1655 conservé au Département des Bouches-du-Rhône sous la cote 410 E 7, à partir du f° 141. Jean Ferrier ne demande pas non plus qu’on célèbre tous les ans trois messes en l’honneur de Sainte-Madeleine. Quant aux éventuels liens avec Riboux, ils sont a priori introuvables, alors qu’ils existent bien avec Cuges. L’erreur est difficilement explicable…
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(5) Archives communales - 113 E BB 6, f° 255, 29 juillet 1685. Nous nous interrogeons sur l’emploi du terme «gour». Faut-il en conclure que de concrétion en concrétion, il s’était formé une sorte de cuvette ? Il peut cependant simplement désigner le « gouffre » qui permet d’accéder à la source qui est souterraine.
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(6) La Grande relique de St-Antoine de Padoue, Clément Bonifay, page 131.
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A l'heure actuelle, force est de reconnaître que nous ne savons que très peu de choses sur cette chapelle dite de Sainte-Madeleine, dont il ne reste aujourd’hui que des ruines.
 
D’une superficie d’environ 30 m², elle est orientée selon un axe nord-est / sud-ouest. Face à ce qui a été identifié comme étant l’entrée, il subsiste un bloc bâti qui, selon toute vraisemblance, est la base d’un ancien oratoire.
 
Elle porte le nom du vallon où elle est située, lequel aurait été emprunté par les pèlerins pour rejoindre la Sainte-Baume et le Saint-Pilon.
C’est du moins ce qui est dit.
La Chapelle Ste-Madeleine
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